Le récit de la Genèse, premier livre du Pentateuque, jaillit d’un regard émerveillé du Peuple d’Israël sur le monde, sur l’humanité et sur leur propre histoire sainte. Ces récits ont pris la forme que nous connaissons au retour de l’exil du peuple hébreu à Babylone (au 6e siècle av. J.-C.) et les croyants les reçoivent comme une parole inspirée par Dieu et inspirante à chaque détour de l’histoire. Il ne s’agit pas de lire ces récits comme une description scientifique ou journalistique de faits divers ou de phénomènes physiques : les événements qu’ils racontent se sont déroulés sans bruit et échappent aux regards superficiels : c’est la création du monde par une parole de Dieu ; la naissance de l’humanité faite à son image et ressemblance ; la chute des humains dans le péché et la dispersion ; l’élection d’un peuple nomade pour être le domaine particulier de Dieu et pour refaire, par lui, l’unité de l’humanité.

 

Les photos choisies pour illustrer ce texte ont été prises, pour la plupart au Cap Ferret, et choisies dans le but de questionner notre rapport à la Création, nous qui avons la chance, contrairement à beaucoup de citadins, de vivre au plus près d'une nature encore préservée, car un des passages de la Genèse nous interpelle plus particulièrement aujourd'hui, dans une perspective de disparition accélérée de nombreuses espèces et d'atteintes graves à notre environnement. En effet, la phrase : « Dieu les bénit et leur dit : soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la » peut s'interpréter comme la licence donnée à l'homme de disposer de la nature comme il l'entend, quitte à la piller et à la détruire.

 

« Le verbe radah (soumettre) apparaît 22 fois dans la Bible. Dans la Genèse, il fait référence à la relation entre les humains et les animaux, mais les autres fois, il est employé pour décrire les relations entre humains. La plupart du temps, c’est le roi qui est désigné comme maître par ce verbe (1 R 5,4 ou Ps 72,8). Le roi ne devait pas exploiter les autres et abuser de son autorité. Il faudrait donc trouver un autre mot pour mieux traduire radah que les mots français « soumettre », « commander » ou « être le maître de ». En anglais, certains biblistes vont traduire ce passage par le mot « steward » (intendant, gardien) qui se dit d’une personne responsable d’un service. Ainsi traduit, on met l’emphase sur la responsabilité que Dieu donne aux humains de s’occuper de la terre et des animaux, et non sur un pouvoir d’exploiter. »

Sébastien Doane, professeur d 'exégèse biblique.

 

Montrer la beauté du monde ou sa laideur, tel était le dilemme au moment de sélectionner les images qui allaient illustrer ce texte de la Genèse. La laideur du monde, nous la voyons à longueur d'antenne sur tous les médias qui privilégient de montrer la noirceur et la duplicité de l'homme, quitte à nous décourager devant l'inanité des efforts que nous serions tentés d'accomplir. Nous avons fait le choix inverse, nous avons voulu montrer la beauté de la création, non pas pour occulter l'immensité des défis qui nous attendent mais pour affirmer que nous sommes animés par la foi, la foi en notre Dieu, bien sur, mais aussi la foi en l'homme, à l'initiative dans les nombreux domaines de défense de l'environnement et qui doit comprendre que chacun à son humble niveau est responsable et en capacité d'apporter sa modeste pierre à l'édifice.

 

Nous sommes tous appelés , croyants et non croyants, à devenir des gardiens de la création, des gardiens de notre terre, afin de la préserver et de la transmettre, encore plus belle, à nos enfants, petits enfants et à toutes les générations futures.